Tableau synthétique de la viticulture en Égypte (2022)
Critère | Données |
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Rang mondial | 56e |
Superficie viticole | 92 000 hectares (majoritairement pour raisins de table) |
Proportion vinifiée | Environ 1 % des raisins |
Principaux cépages | Cabernet Sauvignon, Syrah, Grenache, Chardonnay, Muscat, Bannati |
Proportion blanc / rouge | 75 % blanc / 25 % rouge |
Période de vendanges | De juin à août, selon les régions |
Apparition de la viticulture | Vers 3000 av. J.-C., à l’époque pharaonique |
Régions actuelles | Alexandrie, Le Caire, El Gouna, Hurghada, Luxor |
Producteurs notables | Gianaclis, Kouroum of the Nile, Sahara Vineyards |
Hier : un vignoble millénaire dans les fresques et les amphores
L’Égypte ancienne produisait du vin dès l’époque des pharaons, principalement pour les élites et les cérémonies religieuses. Des fresques et des jarres retrouvées dans les tombes témoignent de pratiques de vinification rudimentaires et de l’usage symbolique du vin dans la spiritualité égyptienne. Le climat aride obligeait à une irrigation savante, probablement l’une des premières formes d’agriculture organisée autour de la vigne.
Aujourd’hui : une renaissance timide mais passionnante
Depuis les années 1990, la viticulture égyptienne connaît un renouveau grâce à quelques producteurs pionniers, notamment Gianaclis, l’un des plus importants domaines du pays. La production reste marginale (moins de 1 % des raisins récoltés sont vinifiés), mais on note une volonté claire d’élever les standards.
La plupart des vignobles sont implantés près de la côte (Alexandrie), dans des zones désertiques contrôlées par irrigation, ou autour d’oasis modernes comme El Gouna ou Le Caire. La fermentation à température contrôlée, l’usage de cépages internationaux et l’assistance d’œnologues étrangers ont permis de faire naître des vins secs, digestes, à l’acidité maîtrisée malgré la chaleur.
Intérêt œnologique pour les sommeliers et passionnés
- Styles de vins : Les blancs égyptiens sont généralement secs, avec des notes florales et une acidité rafraîchissante. Les rouges sont souvent légers à moyens, avec des tanins souples.
- Cépages adaptés : Le Muscat et le Chardonnay résistent bien à la chaleur. Les rouges issus de Cabernet Sauvignon ou Syrah manquent parfois de structure, mais peuvent surprendre sur certains millésimes.
- Accords mets-vins : Les blancs égyptiens s'accordent bien avec les cuisines orientales, les plats épicés ou les poissons grillés. Les rouges plus légers accompagnent bien les plats végétariens aux herbes, les viandes blanches ou le couscous.
- Potentiel d'évolution : Bien que les vins égyptiens ne soient pas encore conçus pour une longue garde, le potentiel de développement est réel, notamment grâce à l'innovation et à l'intérêt croissant des professionnels du vin dans la région.
Conclusion : un terroir antique en quête de modernité
L’Égypte ne deviendra peut-être jamais une grande puissance viticole, mais elle possède une histoire fascinante, des conditions de culture atypiques, et un potentiel de niche pour les sommeliers curieux ou les passionnés de vin hors des sentiers battus. Déguster un vin égyptien, c’est goûter un morceau d’histoire, dans un flacon moderne.
Colin Lurot
Sommelier
Égypte : un vignoble millénaire en quête de renaissance