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🍷 Armand Heitz : audace bourguignonne et plaidoyer pour une éducation au goût

Visite Juillet 2025
6 August 2025 by
🍷 Armand Heitz : audace bourguignonne et plaidoyer pour une éducation au goût
Colin Lurot

🍷 Armand Heitz : audace bourguignonne et plaidoyer pour une éducation au goût

En juillet, lors d’un passage du côté de Pommard, j’ai eu envie d’aller voir le domaine Armand Heitz. Cela faisait un moment que je le voyais passer sur mes fils LinkedIn. Un vigneron qui publie toutes les semaines, avec des prises de parole fortes, un ton singulier, et une vraie vision. Ce n’est pas commun dans le monde du vin. Et c’est justement ce qui m’a donné envie d’aller voir ce qu’il se passait derrière l’image.

Et ce que j’ai découvert va bien au-delà des bouteilles.

Un domaine à l’histoire familiale… et au présent engagé

Le domaine Heitz-Lochardet remonte à 1957, quand Georges Lochardet, arrière grand-père d’Armand, rachète des vignes. À partir de 1983, la maison Joseph Drouhin (référence incontournable en Bourgogne) reprend la conduite des vignes. Cette collaboration dure jusqu’en 2012, date à laquelle Armand Heitz reprend les rênes, après un diplôme d'œnologue décroché en Suisse.

Il commence avec quelques parcelles en Chardonnay et Pinot Noir, puis diversifie son approche, jusqu’à bâtir, en à peine 10 ans, un véritable écosystème agricole et humain.

Le vin comme pilier d’un projet de vie

Ce qui m’a frappé chez lui, ce n’est pas uniquement la qualité des Pommard, Volnay, Meursault, ou Chassagne-Montrachet. Non. Ce sont les cuvées inattendues, les sentiers non battus.

Par exemple :

  • Parcelles Interdites, un Sauvignon Blanc planté dans l’aire de Meursault (autrefois autorisé, aujourd’hui interdit), devenu un clin d’œil au règlement. Une cuvée salvatrice en 2021, lorsque le gel a ravagé le Chardonnay.
  • Le Melon de Bourgogne, qu’on connaît surtout sous le nom de Muscadet, mais qui trouve ici une place d’origine.
  • Des bulles, des crémants, et bien sûr des rouges comme Folie Sauvage, un vin vivant, mêlant Pinot Noir et Gamay, avec une vraie expression personnelle.

Une approche globale, une agriculture du sens

Mais le vin, chez Armand Heitz, n’est qu’un morceau d’un projet plus vaste :

  • permaculture,
  • élevage d’animaux,
  • agroécologie,
  • restaurant à la ferme,
  • collaboration en Beaujolais (Juliénas),
  • réflexion sur l’architecture, le paysage, l’accueil…

C’est une ferme moderne, pensée dans le respect du vivant, où tout se tient, et où chaque produit raconte une histoire. Armand se définit comme paysan, et j’y vois une forme de noblesse.

Une voix qui dérange... et qui éclaire

Ce qui m’interpelle aussi, c’est son engagement sur les réseaux sociaux. Il ne se limite pas à parler de vin. Il parle de goût, de rythme de vie, de qualité de ce qu’on mange et boit, de notre rapport à la terre.

Un jour, il a partagé sur TikTok un extrait où il défendait la consommation de vin dans une approche culturelle et éducative. Sur LinkedIn, le message passe très bien. Mais sur TikTok ? Il s’est fait taxer d’alcoolique, de destructeur de santé publique… Et là, je me suis dit :

on a un vrai problème d’éducation.

Le vin, ce n’est pas juste de l’alcool

Le vin, ce n’est pas de la vodka. Ce n’est pas un produit brut, industriel, anonyme.

C’est un acte de culture, une transmission, une chaîne humaine immense, du vigneron au caviste, en passant par le sommelier, le restaurateur, l’amateur.

C’est aussi un lien social, un prétexte à se retrouver, à déguster, à ralentir.

Est-ce qu’on peut en abuser ? Bien sûr. Comme tout.

Mais ce n’est pas le vin qu’il faut diaboliser. C’est l’absence de repères, de limites, d’éducation.

Et c’est là que je rejoins profondément la vision portée par Armand Heitz.

Réapprendre à déguster, à manger, à respecter

Aujourd’hui, trop de gens mangent vite, boivent sans attention, consomment sans conscience.

Et pourtant, il y a tant à apprendre à travers une sauce bien faite, un plat mijoté, une bouteille bien choisie.

Le vin, c’est un plaisir simple, pas un luxe inaccessible.

Et c’est ce que j’apprécie chez Armand : dans une région comme la Bourgogne où tout coûte cher, il réussit à proposer des vins accessibles, originaux, à la fois ancrés et vivants. Des vins qu’on a envie de boire, de partager, de comprendre.

En conclusion

👉 Le vin n’est pas un poison.

👉 Le vin est un langage, une culture, un savoir-faire, une éducation.

Et si demain, on éduquait à goûter plutôt qu’à consommer, à respecter plutôt qu’à juger, alors peut-être qu’on vivrait un peu mieux – avec un peu plus de saveur.

🔗 Pour en savoir plus sur le domaine : Site officiel d’Armand Heitz

Colin Lurot 

Sommelier

🍷 Armand Heitz : audace bourguignonne et plaidoyer pour une éducation au goût
Colin Lurot 6 August 2025
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